Plateforme de recommandation à destination des soignants ayant des patients atteints de bruxisme.
L'enjeu humain derrière le projet : Le bruxisme (grincement ou serrement des dents) touche 8 à 10% de la population, soit environ 6 millions de Français. Mais seulement 30% sont diagnostiqués, car les symptômes sont souvent attribués à tort à d'autres pathologies (migraines, douleurs cervicales, usure dentaire "normale").
Avant Abrux, un patient pouvait errer pendant des années entre médecins généralistes, kinésithérapeutes et dentistes avant qu'on identifie le bruxisme comme cause racine. Dr. Etienne Suerinck, chirurgien-dentiste spécialisé en bruxisme, était sollicité 10 à 15 fois par semaine par des confrères désemparés face à des cas complexes.
Le lien avec la santé mentale : Le bruxisme n'est pas qu'un problème dentaire. Il est souvent déclenché ou aggravé par le stress, l'anxiété, voire des troubles du sommeil liés à des facteurs psychologiques. Traiter le bruxisme nécessite donc une approche multifactorielle, proche de celle de la santé mentale : comprendre le patient dans sa globalité, pas juste ses symptômes.
La situation d'Etienne :
Construire en partant de zéro une plateforme de recommandation spécialisée sur le bruxisme à destination des soignants et des patients, avec des contraintes de certification serveur de santé (HDS) et une gestion complète de l'infrastructure par mes soins.
Nous avons défini 4 objectifs progressifs, chacun validant l'étape suivante :
Trois contraintes majeures encadraient le projet : la nécessité d'un serveur de santé (avec toutes les exigences de sécurité et de certification associées), une responsabilité éthique forte (les recommandations impactent directement la santé des patients), et une gestion totale de l'infrastructure faite par moi-même, du serveur dédié jusqu'au déploiement continu.
J'ai structuré le projet en 4 phases itératives, avec des livrables concrets à chaque étape :
L'objectif de cette phase était double : comprendre comment le spécialiste proposait ses recommandations et ce qu'il voulait faire du projet.
Nous avons fait des ateliers où il me présentait des études de cas en m'expliquant ce qu'il avait recommandé, pourquoi et comment. Nous avons construit une série de règles d'abord basiques pour le POC, puis plus complexes lors des différents sprints pour structurer et utiliser son savoir via un système de règles.
Nous avons aussi fait des ateliers pour comprendre comment l'utilisateur final allait interagir avec le système, notamment avec Thomas et son équipe, développeurs qui s'occupait de la partie front-end via WordPress.
Livrable : POC fonctionnel validé par 5 soignants testeurs, système de règles v1.0 avec 23 règles de base, schéma d'architecture technique validé.
Bien que je ne maîtrisais pas suffisamment React à l'époque pour implémenter les interfaces moi-même, j'ai joué un rôle clé dans la co-conception UX aux côtés de Thomas (développeur WordPress/front-end) et de l'agence UX externe.
Mon rôle spécifique :
Résultat : Une interface qui a été adoptée sans formation formelle par 60 soignants, preuve que le design était intuitif et cliniquement pertinent. Le taux d'abandon du questionnaire patient est inférieur à 5%, un signe que le parcours est fluide.
Ne pas coder le front ne signifie pas ne pas comprendre l'UX. En santé, la conception d'interface est avant tout une question de compréhension des besoins utilisateurs (soignants et patients), pas de maîtrise de React.
Ne m'occupant que de la partie infra et backend, j'ai mis en place le serveur avec au début LimeSurvey pour faire les questionnaires (en front), qui a été ensuite intégré lors d'un sprint suivant à l'interface de Thomas.
Stack technique et pourquoi ces choix :
Fonctionnalités développées par rôle :
Le patient peut : S'inscrire, remplir un questionnaire (plus de 50 questions), modifier son profil, choisir un soignant sur une carte interactive, voir les recommandations que le soignant partage avec lui.
Le soignant peut : Accepter ou refuser un patient, acheter des crédits (pour valider des patients et accéder au système de recommandation), voir les recommandations validées par les administrateurs, accéder aux données des patients qu'il suit, modifier ces recommandations en fonction du rendez-vous avec le patient (le système propose, le soignant valide et ajuste).
L'administrateur peut : Ajouter un soignant (pour éviter les faux comptes), superviser des soignants ou des patients (voir leurs écrans et agir à leur place si besoin de support technique), modifier les recommandations faites par le système et les partager au soignant, ajouter des fiches PDF (pour les soignants et patients), ajouter des produits dans la boutique, modifier le système de règles (135 règles actuellement) et le tester en environnement sandbox.
Il y a aussi un système de boutique avec facturation (intégration Monetico), un système de documents (pour gérer et récupérer des PDFs), et bien sûr le cœur du système : l'algorithme de règles qui définit les recommandations.
Organisation agile : Nous avons fonctionné en méthode agile. Chaque fin de semaine, mon client recevait un mail avec ce qui avait été fait, les difficultés rencontrées, des questions en cas de doutes, et ce que je prévoyais de faire la semaine suivante. Je faisais des réunions uniquement si c'était nécessaire afin de valider avec le client des choix techniques importants (comme la structure de la base PostgreSQL).
À chaque fin de sprint (2 mois), nous faisions un bilan démo avec ce qui avait marché et moins marché, et comment être plus efficace le sprint suivant. Ensuite, je faisais une nouvelle proposition commerciale suite aux nouvelles fonctionnalités à développer dans le sprint suivant. Il y avait aussi des réunions avec Thomas d'abord pour un rétroplanning, puis lors des tests pour ajuster le back aux besoins front avant les démos clients.
Comme le produit est en développement continu, il y a un cycle de déploiement et formation à la fin de chaque sprint.
D'abord il y a 3 jours de tests (et de formations) sur le serveur de développement, puis une fois validé, on met le site en maintenance pour faire la mise à jour de la plateforme et du serveur (généralement entre 1h et 2h de maintenance, effectuée le mercredi soir pour minimiser l'impact).
Il arrive aussi de faire des ateliers spécifiques de formation sur un domaine très pointu comme le paramétrage du système de règles par exemple (formation de 2h avec l'équipe administrative d'Abrux).
Chaque projet a ses obstacles. Voici les 3 plus significatifs, et comment je les ai surmontés :
La réalisation d'un serveur de santé en partant de zéro, notamment en terme de sécurité, de compatibilité et de backup, était un territoire inconnu pour moi. Les exigences HDS (Hébergeur de Données de Santé) sont strictes : chiffrement des données au repos et en transit, traçabilité complète des accès, procédures de sauvegarde testées régulièrement.
Solution : J'ai passé 3 semaines à lire la documentation officielle de l'ASIP Santé (Agence des Systèmes d'Information Partagés de Santé), à tester différentes configurations sur mon serveur de développement, et à échanger avec des experts en cybersécurité santé via des forums spécialisés. J'ai mis en place une checklist de 47 points de contrôle que je vérifie à chaque mise à jour majeure. Résultat : 99,6% d'uptime sur 18 mois, 0 incident de sécurité.
Comprendre les logiques derrière les recommandations d'Etienne et comment le système devait résoudre ces cas était le cœur du projet. Etienne raisonnait de manière intuitive : "Je regarde le patient et je sais." Mais un algorithme ne peut pas "juste savoir".
Solution : Grâce à la pédagogie d'Etienne qui a été très patient, et aux ateliers répétés (5 sessions de 2h sur 3 mois), nous avons modélisé cette connaissance. J'ai utilisé la technique du "5 Whys" : pour chaque recommandation, je demandais "Pourquoi cette décision ?" jusqu'à atteindre les critères objectifs sous-jacents. Nous avons ensuite testé le système sur des dossiers patients anonymisés.
Lors de la transformation du POC en produit, j'ai très mal estimé la charge de travail. Ce qui était annoncé comme un sprint de 4 semaines a pris 12 semaines.
Solution : J'ai assumé mon erreur et développé les 8 semaines supplémentaires à mes frais, comme convenu contractuellement. Mais surtout, j'en ai fait un apprentissage : j'ai créé un fichier de suivi temps réel (Toggl Track) pour tracker exactement combien de temps prenait chaque type de tâche (backend API : X jours, intégration Docker : Y jours, tests : Z jours). Depuis, mes estimations sont fiables à ±15%, contre ±200% sur ce premier sprint raté. Cet échec m'a rendu meilleur.
Après 2 ans de développement continu, Abrux est aujourd'hui une plateforme stable, adoptée par des dizaines de professionnels, et qui impacte concrètement la prise en charge du bruxisme.
Au-delà des métriques brutes, voici l'impact réel d'Abrux sur le terrain :
Impact business pour le client : Abrux a permis à CIREUS de passer d'un modèle "expertise personnelle non scalable" à un modèle "plateforme SaaS" avec un potentiel de croissance exponentiel. Le projet a été présenté dans 3 salons professionnels dentaires, générant de nombreuses demandes de démo.
"Quand j'ai contacté Arnaud, j'avais une vision clinique claire mais aucune idée de comment la transformer en outil numérique..
Lors de nos premiers échanges, j'ai été convaincu par sa pédagogie et son approche utilisateur. Les ateliers de cadrage ont été déterminants.
Nous avons construit ensemble, étape par étape, un système qui respecte la complexité du bruxisme. Il a su m'aider à mettre en forme mon expertise et la structurer en algorithme, sans la dénaturer.
Aujourd'hui, 60 confrères peuvent traiter des cas complexes en relative autonomie, et 311 patients reçoivent des recommandations personnalisées.
Il ne fait pas que coder, il traduit. De la clinique vers la technique, et vice-versa."
18 mois après le déploiement initial, Abrux continue d'évoluer et d'impacter positivement la prise en charge du bruxisme :
Vision future : L'objectif d'Etienne est d'étendre Abrux en ajoutant des fonctionnalités en réutilisant l'infrastructure existante. C'est exactement ce pour quoi j'ai conçu le système : scalable et modulaire.
Deux ans sur Abrux, c'est bien plus qu'un projet technique. C'est une école de rigueur, de patience, et d'humilité. Voici les 4 apprentissages majeurs qui façonnent aujourd'hui ma pratique.
Avant Abrux, je n'avais jamais géré une infrastructure complète en production, encore moins avec les contraintes d'un serveur de santé. J'ai dû apprendre :
Leçon clé : En santé, la technique n'est pas un "nice to have", c'est une responsabilité éthique. Un serveur qui plante, ce ne sont pas des données perdues, ce sont des patients non traités.
Le défi le plus fascinant n'était pas technique, mais épistémologique : comment extraire 15 ans d'expertise clinique d'Etienne et la transformer en algorithme ?
Les premiers ateliers étaient frustrants. Etienne me disait : "Je regarde le patient et je sais." Mais un système ne peut pas "juste savoir". J'ai appris à :
Leçon clé : La vraie IA en santé n'est pas dans les réseaux de neurones, mais dans la capacité à modéliser l'expertise humaine avec rigueur et humilité.
Etienne est chirurgien-dentiste, pas développeur. Pendant 2 ans, j'ai dû adapter ma communication, mes outils, ma pédagogie. J'ai appris que :
Leçon clé : Un projet technique réussi, c'est 30% de code et 70% de relation humaine. La confiance se gagne en étant clair, honnête, et en livrant ce qu'on promet.
Abrux n'est pas un side project, c'est un outil utilisé par 311 patients réels qui souffrent de bruxisme. Chaque ligne de code a un impact clinique. Cette responsabilité m'a appris :
Leçon clé : En santé mentale (et physique), la technologie n'est jamais neutre. Chaque choix technique est un choix éthique. C'est ce qui rend ce métier passionnant.
Je peux vous accompagner pour transformer votre expertise clinique en outil technique fonctionnel, que ce soit en santé mentale, santé physique, ou tout domaine nécessitant rigueur technique ET compréhension métier.
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